Pour les adeptes de la raison pure, au-delà de cette limite, vos pensées ne sont plus valables...

- Sans vertu aucune action, si vouable et admirable puisse t'elle paraître, ne peut être juste, car, la justice elle-même est du ressort de la vertu -

Le sage

Des chevaux pour illustrer la fable du sage.

L'histoire suivante et une parabole sur nos façons de vivre le quotidien, à chaque instant, à chaque fait nous jugeons, nous exprimons des opinions, portant atteinte à autrui, en oublions combiens cela nous reviens en pleine figure.

Le contexte

Il y avait dans un village un vieil homme qui était très pauvre, les rois eux-mêmes le jalousaient, car il possédait un magnifique cheval blanc.
Ils lui offraient des sommes fabuleuses pour ce cheval, mais l'homme refusait à chaque fois :
« Ce cheval n'est pas un cheval pour moi, disait-il, c'est une personne. Et comment pouvez-vous vendre une personne, un ami ? ».
Il était pauvre, mais jamais il ne vendit son beau cheval.
Un matin, il s'aperçut que le cheval n'était plus dans son écurie. Tous les villageois se rassemblèrent et s'exclamèrent : « Pauvre fou de vieillard ! Nous savions qu'un jour ce cheval serait volé. Il aurait mieux valu le vendre. Quel malheur !».

Le vieillard répondit :

N'allez pas si loin. Dites simplement que le cheval n'est pas dans l'écurie. Ceci est un fait, tout le reste est un jugement. Je ne sais si c'est un malheur ou une bénédiction, car ce n'est qu'un fragment. Qui sait ce qui va suivre ?
Les gens se moquaient de lui, en fait, ils avaient toujours pensé qu'il était un peu fou.
Mais quinze jours après, une nuit, le cheval revint. Il n'avait pas été volé, il s'était simplement échappé. Et il ramenait avec lui une douzaine de chevaux sauvages !
Les gens s'assemblèrent à nouveau :
Vieil homme, tu avais raison, dirent-ils, ce n'était pas un malheur. En réalité cela s'est avéré être une bénédiction.

Ce à quoi le vieillard rétorqua :

De nouveau, vous allez trop loin. Dites simplement que le cheval est de retour. Qui sait si c'est une bénédiction ou non ? Ce n'est qu'un fragment. Vous lisez un seul mot dans une phrase -comment pouvez-vous juger du livre tout entier ?
Cette fois, ils ne purent ajouter grand-chose, mais en eux-mêmes ils savaient qu'il avait tort.
Douze magnifiques chevaux étaient arrivés ! ... Le vieil homme avait un fils unique qui commença à dresser les chevaux sauvages. À peine une semaine plus tard, il tomba de cheval et se brisa les jambes.
À nouveau les gens se réunirent et, à nouveau, ils jugèrent.
Tu avais encore raison, c'était un malheur ! dirent-ils.
Ton fils unique a perdu l'usage de ses jambes, et il était le seul soutien de ta vieillesse. Maintenant te voilà plus pauvre que jamais.

De nouveau le vieillard leurs fait remarquer :

Vous êtes obsédés par le jugement, répondit, le vieil homme.
N'allez pas si loin. Dites seulement que mon fils s'est cassé les jambes. Personne ne sait si c'est un malheur ou une bénédiction.
La vie vient par fragments et vous ne pouvez tout connaître à l'avance.
Quelques semaines plus tard, il advint que le pays entra en guerre et tous les jeunes de la ville furent réquisitionnés de force par l'armée. Seul le fils du vieil homme ne fut pas pris, car il était infirme.
La ville entière se lamentait et pleurait : c'était une guerre perdue d'avance et tous savaient que la plupart des jeunes ne reviendraient jamais. Ils se rendirent auprès du vieil homme :
Tu avais raison, reconnurent-ils, cet accident s'est avéré être une bénédiction pour toi. Il se peut que ton fils soit infirme, mais il est encore avec toi. Nos fils, eux, sont partis pour toujours.

Le vieillard dit encore :

Vous continuez à juger sans cesse. Personne ne sait ! Bornez-vous à dire que vos fils ont été contraints d'entrer à l'armée et que mon fils ne l'a pas été. Seul le Tao sait s'il s'agit d'une bénédiction ou d'un malheur.

En résumé

« Ne jugez pas, sinon vous ne connaîtrez jamais la serénité. Vous serez obsédés par des fragments et à partir de petits détails vous vous hâterez de conclure.
Dès que vous jugez, vous cessez de croître.
Le jugement vient d'un état d'esprit desséché, statique.
Et le mental ne cesse de juger, car le fait d'être en mouvement est toujours hasardeux et inconfortable.
En fait, le voyage ne s'arrête jamais.
Un chemin se termine, un autre commence, une porte se ferme, une autre s'ouvre.
Vous atteignez un sommet, un plus haut sommet apparaît toujours.

Seuls ceux qui sont assez courageux pour ne pas se soucier du but, ceux qui sont heureux du voyage, contents de vivre l'instant et de croître à travers lui, ceux-là seuls sont capables de marcher avec le Tout.