Travail : Redécouvrir le Sens au-delà des Illusions

La répétition
Le travail est une valeur incontournable dans la société moderne, au point que son absence est souvent perçue comme une lacune. Historiquement, ceux qui ne travaillaient pas étaient considérés comme des mécréants ou des individus de moindre valeur. Les premiers chômeurs ont subi de nombreuses humiliations, tant verbales que non verbales, illustrées par les regards désapprobateurs.
En effet, le terme « travail » trouve ses origines dans le mot latin « labor », qui a donné naissance à des mots tels que « labourer », « laboratoire » et « élaborer ». Certains avancent que le mot travail dérive de « tripalium », un instrument de torture, bien que cette interprétation soit contestée par de nombreux linguistes. En latin, « labor » signifie non seulement « travail », mais évoque également la peine que l’on s’inflige pour atteindre un résultat, ainsi que des notions de glissement et de trébuchement. Le terme latin « labe » fait référence à la souffrance et à la maladie.
Cependant, peu importe la signification étymologique du terme, la problématique contemporaine ne réside pas dans sa définition, qu'elle soit latine, française ou autre, mais plutôt dans la valeur que l'on lui accorde. En effet, il existe une différence significative entre une activité artistique épanouissante et un travail répétitif à la chaîne ; l’impact sur l’individu ne saurait être comparé. S’engager dans une activité qui nourrit l’esprit ne s’apparente pas à produire un travail aliénant et monotone.
Le véritable enjeu du travail ne repose donc pas sur l’activité elle-même, mais sur la valeur intrinsèque de cette activité. Le travail est avant tout un lieu d’échange et de rencontre, car sa régularité instaure un cercle de proximité entre des personnes aux personnalités et identités différentes. Cette dynamique exige un dépassement de soi, permettant à chacun de se construire et d’évoluer au sein d’un collectif, une expérience qui commence souvent à l’école. Ainsi, il ne s’agit pas simplement d’une activité rémunérée, mais d’un cadre essentiel pour l’échange humain et le développement personnel. La question centrale demeure celle de la rémunération, qui peut être fondée sur le mérite, l’inspiration ou le temps passé. Aucune de ces approches ne répond néanmoins aux besoins fondamentaux de l’être humain, qui est de vivre simplement.
L’appropriation par certains individus des ressources essentielles, ainsi que les règles qu'ils imposent, fausse les équilibres. Dans le domaine fondamental de la vie, le besoin prime sur l’idée, le temps ou le mérite, qui ne sont que des jugements arbitraires sur le droit de vivre. Les besoins fondamentaux devraient être satisfaits sans effort particulier, mis à part celui de les revendiquer.
L’accès à l’eau, à des aliments nutritifs de base et à un logement chaleureux devrait être garanti sans justification. Le luxe, quant à lui, devrait être rejeté en tant que modèle de vie humaine, car il est souvent le résultat de l’orgueil et de la vanité d’un ego qui se positionne comme le seul maître capable de comprendre et d’ordonner. Or, cet ego ne cherche qu’à se distinguer des autres, engendrant ainsi une compétition absurde.
Il est grand temps pour l’humanité d’évoluer, de devenir autonome et d’abandonner sa dépendance à la ruse ainsi qu’à la prétendue faiblesse des autres pour mener une existence meilleure et plus heureuse.
Conclusion
Il n’existe pas de bon ou de mauvais travail, mais plutôt des lieux d’épanouissement plus adaptés aux besoins d’évolution de chacun. Bien que les activités artistiques puissent sembler plus épanouissantes, elles comportent également leurs propres inconvénients, tels que la responsabilité, les périodes de manque d’inspiration et les exigences des clients. La création, par essence, implique une polarité ; rien dans ce monde terrestre n'existe sans son contraire. Contrairement à l'illusion de séparation, la polarité représente une seule et même voie, mais avec deux directions opposées. Il est inconcevable d'apprécier quelque chose sans connaître son opposé. Ce mécanisme, que l’on résume parfois par l’expression « un pas en avant, deux pas en arrière », illustre un processus d'évolution et d'involution permanent. Le principal défi du principe de polarité est de parvenir à concilier les contraires, afin de comprendre leur utilité et leur sens, car c'est de cette conciliation que naît l'éveil de la conscience. En fin de compte, développer la conscience est l'unique objectif d'une vie ; c'est à travers cette quête que nous découvrons notre véritable essence et notre place dans le monde.